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Mathieu Ben Hassen : Interview effectuée par Gérard Bellot

Et la musique, n'est-elle pas le premier langage universel ?
Mathieu Ben Hassen : Interview effectuée par Gérard Bellot

Gérard Bellot : Mathieu Ben Hassen, vous êtes un jeune compositeur, depuis quand composez-vous ?
Mathieu Ben Hassen :
Eh bien, cela fait maintenant 11 ans : aujourd'hui, création du Gloria, et en 2005, celle du Requiem. J'avais vingt-cinq ans, c'est elle qui m'a lancé.

GB : Donc c'était juste à la sortie des études du conservatoire ?
MBH : J'étais encore au CNSM de Lyon quand j'ai fait mes débuts dans le domaine. J’étais même au lycée quand j’ai fait « mes premiers pas de bébé ».

GB : Quand vous composez, avez-vous une méthode, un rituel ?
MBH : Cela nait essentiellement de l'improvisation. Souvent je pars soit d'une mélodie que je vais enrichir peu à peu, soit d'un enchaînement d'accords, d'un enchaînement harmonique. Partant de là, je vais construire quelque chose. Par exemple le deuxième mouvement du Gloria, la danse, ce genre de tango, est né d'une improvisation qui, harmonisée, a donné cette danse qui s'est transformée peu à peu en ce thème.   


GB
 : Donc un thème qui pourrait rester indépendant de l'œuvre...
MBH : Non, pas forcément, car si l'on étudie par exemple le Quoniam et aussi le début de l'œuvre, beaucoup de passages sont improvisés et je les ai mis tout de suite tels quels sur le papier pour les garder en cette forme primitive.    Parfois j'utilise la rythmique que je tire du texte, cela m'aide souvent, dans le cas de figure où il y a des paroles, et des chœurs à construire.  

GB
 : Ce Gloria comporte, comme toute composition, une suite de rythmes bien différents.
MBH : Je voulais vraiment faire une œuvre en trois parties, quitte à couper au milieu, car finalement, le Gloria repose sur un texte très ancien, qui est en fait un seul texte, un tout, mais que j'ai souhaité découper comme l'ont fait et le font les musiciens lorsqu'ils composent un requiem ou une messe. Ils pratiquaient une césure là où ils en avaient envie, c'est le privilège du compositeur...  

GB
 : Quelles sont vos influences musicales ?
MBH : Elles sont assez larges. Au début, je baignais dans un univers rock, jazz, vraiment rock, limite métal, hard rock... Après, de multiples influences toujours jazz et rock actuels et on épice le tout avec de la musique classique, Bach, Poulenc. Vocalement, pour moi, Poulenc est exceptionnel...  

GB
 : Donc plutôt le domaine des musiques harmonisées...
MBH : Oui, ce sont celles qui me touchent le plus.  

GB
 : En jazz, des partitions  assez structurées comme celles de Duke Ellington par exemple ?
MBH : Oui bien sûr, ou des gens comme Pat Metheny avec ses enchaînements harmoniques, ou bien Richard Bona, bassiste camerounais ou Bobby Mc Ferrin, ce grand musicien polyvalent. Voilà, des influences qui viennent d'un peu partout...  

GB
 :
Quand vous composez, quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?... Si vous en avez ...
MBH : Je me suis toujours trouvé un peu faible en développement, si on peut dire cela comme ça...  

GB
 : C'est à dire, après avoir émis une idée, la transformer, la modifier...
MBH : Jusqu'à un certain point, mais il y a un moment où je trouve toujours le renouveau un peu difficile. Mais cela dépend bien sûr du type d'œuvre, les œuvres vocales par exemple, puisque j'ai commencé par cela très tôt...  

GB
 :
Vous trouvez une aide à travers la technique pure, harmonisation, contre-point ...
MBH : Oui, oui, bien sûr, mais d'autres difficultés apparaissent qui sont liées aux contraintes de la demande. Ici, chœur et orchestre, j'éprouve moins de difficultés puisque c'est une chose que j'affectionne plus particulièrement et que je pratique maintenant depuis un certain temps ; par contre, pour une demande un peu plus atypique comme ce fut le cas pour une commande il y a quelques années (deux pianos et deux percussions), il faut une meilleure élaboration, creuser un peu plus, savoir déjà comment démarrer. Le Gloria, bizarrement, je n'ai pas eu trop de mal à entrer dans l'œuvre, mais il faut reconnaître qu'une fois trouvées quelques idées, l'agencement du tout et les liaisons sont le principal intérêt de la chose.  

GB
 
: Avez-vous déjà travaillé sur des images, que ce soient des  vidéos, films etc..?
MBH : Oui, et cela est en développement chez moi depuis un ou deux ans : je travaille actuellement sur des courts métrages ou documentaires et je me rapproche de gens qui sont dans le même cas que moi, ceux qui ont nécessité de se créer une vitrine et je leur propose ainsi ma collaboration.  

GB
 :
Avez-vous déjà participé à des concours de composition ?
MBH : Oui, 4 au total, si ma mémoire est bonne, j'en ai gagné, j'en ai perdu…  

GB 
: Je pensais plus spécialement au concours ouverts pour la composition des musiques de films ?
MBH : Non pas encore…il y en quelques-uns qui existent, mais les bonnes rencontres et le réseau peuvent s'avérer plus efficaces.  

GB
 : Dirigez-vous habituellement vos compositions pour ensembles ?
MBH : Pas systématiquement, cela dépend de qui passe la commande, du chef. Mais cela arrive très souvent, sauf pour les petits ensembles type quatuors  bien évidemment capables de s'auto-diriger ou, plus particulièrement,  parce que la commande émanait d'une école de musique et que le directeur devait étaler sur l'année scolaire le travail de l'œuvre.  
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